lundi 20 mai 2013

NOEL PERRIER : BULLETINTAMARABOUT ! (Yannick Lefeuvre)


Jamais sur une toile, ces personnages n'auraient du se rencontrer. Perrier force les mariages, assemble les impossibles, confronte les univers pour des assemblages pleins de bonne humeur.
L'artiste s'engage à contre courant du tragique actuel vers la respiration joyeuse. De la blague (à Toto) à la transgression (d'El Greco), il ose. Comme pour toute oeuvre vivifiante, le propos peut choquer. Son approche demande un temps où il est nécessaire d'abandonner ses certitudes au porte-mental. Toute avancée novatrice heurte les conventions. Lui, il les bouscule avec appétit sans négliger sa recherche picturale. 
Les couleurs, les lignes concourent à regarder son travail avec intérêt. En effet, au delà de l'humour patent, le choix réfléchi du choc visuel indique des chemins de traverses, des pas de coté, des surgissements de sens pleins de poésie, de points de vue décapants et de retournements subversifs.
Peindre est un acte de liberté et il les prend toutes. De plus, l'huluberlu connaît son histoire, il s'y situe avec simplicité. L'humour n'était pas quoiqu'on en pense exclu chez les grands peintres  (Je pense à Manet qui osait glisser quelques clins d'oeil dans ses oeuvres les plus connues). Il est certain que l'imagerie change au cours des siècles et il affirme que celle d'aujourd'hui a droit de citer sur les toiles actuelles.
Sa recherche picturale complexe ouvre des perspectives inattendues où la bande dessinée, le cinéma et la publicité s'articulent. Il n'est pas dupe. A la fois à distance et recul critique, il compose une nouvelle vision de l'art. Son regard décalé ouvre bizarrement à la connaissance d'oeuvres trop connues et si bardées de certitudes qu'elles en deviennent invisibles. Mine de rien, il leur restitue leur fraîcheur, il leur redonne leurs puissances décapantes perdues. Il y a dans ses prouesses la dose exacte et subtile qui convient, le respect des autres, une élégance pour que tout un chacun retrouve à son tour en complicité un regard vivifié. Si l'art est ouverture du regard et des esprits, Noël Perrier a toute sa place dans le difficile monde des arts contemporains.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire